Le soleil et les étoiles (Poème) – Cheikh Mohammed Zakî Ibrâhîm

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« Par le soleil… » (Wa-ch-chams)

« Par l’étoile… » (Wa-n-najm)1

La mention du soleil et des étoiles est récurrente dans le Coran où Allah – Exalté soit-Il –  les prend même à témoin. La tradition prophétique et l’enseignement des Maîtres de la Voie ne manquent pas non plus d’exemples concordants. On peut donc les considérer à bon droit comme « symboles fondamentaux » en islam.

Les rapports mutuels du soleil avec les étoiles font l’objet de nombreuses applications initiatiques, tant dans l’ordre doctrinal que méthodique. Dans ce court poème, le Cheikh Mohammed Zakî Ibrahîm en souligne le principe essentiel : le rapport de l’unité et de la multiplicité.

Concernant le symbolisme solaire en lui-même, tel qu’il a pu être exprimé en langue occidentale et en rapport avec la doctrine islamique, on ne manquera pas de rapprocher ce poème des lignes saisissantes de René Guénon consacrées au Tawhid ou en encore des « Pages dédiées au Soleil (Sahaïf Shamsiyah) » de Abdul Hâdî Aguéli , w’Allahu a’lam !

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Quelle valeur (qîmah) ont les étoiles resplendissantes (anjum ez-zahrâ’) [prises] dans leur totalité,

quand le soleil se lève (tuchriqu ach-chams) et que les lueurs (adwâ‘) s’intensifient ?

La chose relève de la station (manzilah2 du « comment » (kayf) et non du « combien »  (kam)3 ,

car le Soleil est unique (wâhidah) et les étoiles multiples (a’dâdu4 !

Cheikh Mohammed Zakî Ibrâhîm

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  1. Incipit des sourates 91 et 53. Sur cette deuxième sourate cf. le commentaire du Cheikh Al-Alawî : Lubâb al-‘ilm. []
  2. Le terme manzil(ah) (plur. manâzîl) renvoie également à l’astronomie arabo-islamique où il désigne la « localisation » des astres dans la sphère céleste. Cet usage déjà présent dans le Coran, à propos notamment des « mansions » de la lune, supporte un symbolisme très complexe qu’il n’est pas possible d’évoquer ici. A ce propos on renverra à l’intéressante étude de Titus Burckardt initulée Clés spirituelles de l’astrologie musulmane (Éditions traditionnelles, repris chez Archè). Le même terme constitue dans le taçawwuf un équivalent de celui de maqâm c’est à dire la « station spirituelle » (à l’inverse du hâl ou « état spirituel transitoire »), par exemple les célèbres Manâzîl es-Sâ’irîn du Cheikh Al-Harâwî. []
  3. Ou de la « qualité » et non de la « quantité ». Sur ce symbolisme cf. Le Règne de la quantité et les Signes des Temps de René Guénon. []
  4. On notera le parallélisme de cette formulation avec la hikma du même auteur : « les frères sont un Esprit unique (rûhan wâhidatan) dans des corps multiples (ajsâdin muta’addidah)« . []

par le 18 mars 2015, mis à jour le 26 octobre 2015

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