Références islamiques concernant la dégénérescence cyclique

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Dans le prolongement notamment des travaux sur la dégénérescence et les adaptations cycliques (d’après l’œuvre de René Guénon) et l’évolution des modalités de l’enseignement initiatique mohammedien, nous réunissons un ensemble de références islamiques à ce propos qui pourront faire ensuite l’objet de commentaires et de compléments, bi idhni-Llah !

Mostafâ Mansûr (M.L.B.)

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Ahâdith 1

  • D’après Anas :

« Il n’est pas d’année qui ne soit pire que la précédente, et ceci jusqu’à la rencontre avec votre seigneur. »

(cité par Tirmidhî. Hadith authentifié)

  • D’après Abû Dardâ’ :

« Il n’est pas d’année qui ne voit le bien diminuer et le mal augmenter.»

(cité par Tabarânî. Hadith validé)

  • D’après ‘Aicha :

« Les meilleurs des hommes sont ceux du siècle qui est le mien puis ceux de second siècle, puis ceux du troisième. »

(cité par Muslim. Hadith authentifié)

  • D’après Ja’da b. Hubayra :

« Les meilleurs hommes sont ceux du siècle qui est le mien puis ceux qui succèdent à cette génération, et ainsi de suite jusqu’aux derniers hommes qui seront les pires. »

(cité par Tabarânî. Hadith validé)

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Conclusion résumée de la huitième épitre des Rasâ’il as-Sughrâ’ de Ibn ‘Abbad2

De nos jours, il n’y a plus personne pour enseigner la religion ou la défendre. La foi a disparu, les mœurs se sont corrompues, le peuple est dans l’ignorance de sa religion, ses dirigeants sont devenus ses ennemis, partout les ténèbres triomphent de la lumière.

C’est pourquoi conclut Ibn ‘Abbâd, dans des temps aussi troubles, le devoir du murîd est de vivre dans la tristesse et les larmes, de fuir les hommes comme on fuit les bêtes féroces et de vaquer tout entier aux affaires de son âme, dans la stricte observance de la Loi qu’il appliquera littéralement sans essayer aucune interprétation, de peur de se perdre.

Ibn ‘Abbâd termine sa lettre par la citation d’un long passage extrait du « kitâb al anwâr » d’Abou-l Qâsim ‘Abd er-Rahmân b. Mohammed b. ‘AbdAllah al Bakrî aç-Çaqallî3 dans lequel celui-ci esquisse une sorte de récapitulation de l’histoire islamique considérée sous l’angle de sa décadence ; Ibn ‘Abbâd trouve à ce texte une certaine originalité :

les membres de la Première Génération, écrit aç-Çaqallî, avaient la plus parfaite intelligence du Livre, de la Sunna et des faits et gestes du Prophète ﷺ, car leur esprit était élevé et leur savoir très étendu.

Ceux de la Seconde Génération furent à leur tour les plus instruits dans la Parole de Dieu après les Compagnons du Prophète ; mais ils n’avaient pas le renoncement au monde (zuhd) que pratiquaient ces derniers ; d’autre part des innovateurs commencèrent à tromper les ignorants secrètement.

Quant vint la Troisième Génération, le nombre des vrais savants diminua, les vertus de crainte, d’espérance, de patience, d’action de grâce s’affaiblirent aussi ; les troubles se firent jour et les dissensions.

Avec la Quatrième Génération, le trouble fut complet dans les consciences, les voies de la vérité se brouillèrent et les gens désertèrent l’Islâm en masse ; les méchants triomphèrent des bons et partout ce fut l’inimitié, l’hypocrisie, l’injustice etc. Cependant, au milieu de toutes ces corruptions, il restait encore un petit nombre de croyants qui avaient foi en la Toute Puissance de Dieu et en Ses Décrets.

La Cinquième Génération vit les musulmans divisés en clans ennemis, se livrant une guerre fratricide générale de sorte qu’à la Sixième Génération il ne restait plus de l’Islâm que le nom : l’aveuglement avait frappé tous les esprits, les contestations, les négations balayèrent la Foi.

Mais les membres de la Septième Génération dépassent tous leurs prédécesseurs en corruption : ce sont vraiment les pires gens de la création.

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  1. Traductions de Tayeb Chouiref reprises de ses Enseignements spirituels du Prophète ﷺ. Le texte arabe sera ajouté ultérieurement in châ Allah. []
  2. D’après la présentation faite de ce texte par Paul Nwyia dans sa ouvrage Un prédicateur à la Qarawîyîn de Fès Ibn ‘Abbâd de Ronda, 1332-1390. []
  3. On trouve la mention de Çaqallî ainsi que son livre « kitâb al anwâr » dans « Maqçad » de Bâdisî, trad. G. Colin p.135, nous n’avons pu l’identifier autrement [Note de P. Nwyia]. []

par le 25 novembre 2015, mis à jour le 11 octobre 2016

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