Remarques sur quelques symboles présents au Maqâm et à la Maghârah de « Sidi Belahsan Châdhilî » (Tunis).

Remarques sur quelques symboles présents au Maqâm et à la Moghârah de « Sidi Belahsan Châdhilî »

La ligne qui rejoint le Maqâm à la Moghârah n’est pas verticale mais oblique …

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Nous présentons un ensemble de remarques qui concernent des éléments symboliques et rituels en usage au Maqâm de Sidi Belahsan1 Châdhilî de Tunis en utilisant à cet effet les données correspondantes qui se trouvent dans l’œuvre de René Guénon/Cheikh Abd el-Wâhid Yahyâ. Nous espérons que ces apports pourront être d’une quelconque utilité dans la prise de conscience de la nature et de l’importance des symboles en question autant que de l’universalité dont ils sont le support.

Ceux qui, parmi les lecteurs de l’œuvre de René Guénon, ont pu bénéficier, sous un rapport ou sous un autre, de l’œuvre de Cheikh Mostafâ Abd el-Azîz/Michel Vâlsan et de sa présence au sein de la Tarîqah Chadhiliyyah de Tunis 2 ont pu être frappés par l’évidente similitude entre le contenu d’un article tel que « La Montagne et la Caverne » et ce qu’ils pouvaient vivre au « Maqâm » ou dans et au-dessus de la « Moghârah ». Ils ont pu légitimement se demander aussi s’il ne fallait voir là qu’une coïncidence naturelle ou s’il fallait penser que, pour exposer ce symbolisme universel, Guénon s’était appuyé sur ce qu’il aurait personnellement connu de ce site. Quelle qu’ait pu être la réalité des choses, et bien qu’il apparaisse que ce soit la première éventualité qu’il faille retenir, cet intérêt particulier a certainement contribué à nourrir au sein du lectorat en question un intérêt tout particulier pour ces lieux et pour ce dont ils étaient et sont toujours le support, à différents titres.

Nous ne développerons pas, quant à nous, les prolongements certainement multiples et divers qui pourraient être faits à partir des éléments que nous présentons ici, laissant à chacun la possibilité d’y procéder éventuellement avec tout le bonheur possible. Nous livrons ici le fruit de quelques constatations qu’il nous a été donné de faire depuis le début des années quatre-vingt à nos jours, conscient que ces quelques considérations ne sont qu’une très infime partie de ce qui pourrait être dit à ce sujet.

Nous limiterons d’ailleurs volontairement notre présentation à quelques remarques sur ce que l’on pourrait appeler la spécification proprement islamique du symbolisme polaire de l’ensemble constitué par ce qu’il est convenu d’appeler depuis des siècles le Maqâm et la Moghârah, d’une part, et sur le symbolisme de la Tétraktys au sein des rites de la Tarîqah Châdhiliyyah de Tunis, d’autre part.

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Comme annoncé, nous utiliserons pour principales références les données contenues dans un certain nombre d’articles de René Guénon, à la lecture desquels nous renvoyons évidemment en toute priorité. Sans viser à l’exhaustivité, nous présentons néanmoins une sélection des idées principales qui seront utilisées dans notre exposé.

  • « La Tétraktys et le carré de quatre »

La Tétraktys pythagoricienne est la formule numérique qui montre la relation « qui unit directement le dénaire et le quaternaire » : 1 + 2 + 3 + 4 = 10.

Les Ikhwân Eç-çafâ énumèrent ainsi les termes de cette formule : « 1° Le Principe, qui est désigné comme El-Bârî, le « Créateur » (ce qui indique qu’il ne s’agit pas du Principe suprême, mais seulement de l’Être, en tant que principe premier de la manifestation, qui d’ailleurs est bien en effet l’Unité métaphysique); 2° l’Esprit universel; 3° l’Âme universelle; 4° la Hylé primordiale ».

Le quaternaire étant considéré « comme présupposé par la manifestation », il peut être considéré dans différents domaines : « par exemple, les quatre éléments (l’Ether n’étant pas compté ici, car il ne s’agit que des éléments « différenciés »), les quatre points cardinaux (ou les quatre régions de l’espace qui y correspondent, avec les quatre « piliers » du monde), les quatre phases en lesquelles tout cycle se divise naturellement (les âges de la vie humaine, les saisons dans le cycle annuel, les phases lunaires dans le cycle mensuel, etc.), et ainsi de suite ».

Le « schéma » universellement connu susceptible de mieux représenter symboliquement ces aspects est « le cercle divisé en quatre parties égales par une croix formées de deux diamètres rectangulaires ».

« Cela dit, revenons au rapport de la Tétraktys et du carré de quatre : les nombres 10 et 16 occupent le même rang, le quatrième, respectivement dans la série des nombres triangulaires et dans celle des nombres carrés. On sait que les nombres triangulaires sont les nombres obtenus en faisant la somme des nombres entiers consécutifs depuis l’unité jusqu’à chacun des termes successifs de la série ; l’unité elle-même est le premier nombre triangulaire, comme elle est aussi le premier nombre carré, car, étant le principe et l’origine de la série des nombres entiers, elle doit l’être également de toutes les autres séries qui en sont ainsi dérivées. Le second nombre triangulaire est 1 + 2 = 3, ce qui montre d’ailleurs que, dès que l’unité a produit le binaire par sa propre polarisation, on a immédiatement le ternaire par là même ; et la représentation géométrique en est évidente : 1 correspond au sommet du triangle, 2 aux extrémités de sa base, et le triangle lui-même, dans son ensemble, est naturellement la figure du nombre 3. Si l’on considère ensuite les trois termes du ternaire comme ayant une existence indépendante, leur somme donne le troisième nombre triangulaire : 1 + 2 + 3 = 6 ; ce nombre sénaire étant le double du ternaire, on peut dire qu’il implique un nouveau ternaire qui est un reflet du premier, comme dans le symbole bien connu du « sceau de Salomon » ; mais ceci pourrait donner lieu à d’autres considérations qui seraient en dehors de notre sujet. En continuant la série, on a, pour le quatrième nombre triangulaire, 1 + 2 + 3 + 4 = 10, c’est-à-dire la Tétraktys ; et l’on voit par là, comme nous l’avons déjà expliqué, que le quaternaire contient d’une certaine façon tous les nombres, puisqu’il contient le dénaire, »

  • « Un hiéroglyphe du Pôle »
  • « Le Cœur et la Caverne »
  • « La Montagne et la Caverne »

(A suivre, in châ Allah …)

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  1. Selon la désignation locale []
  2. On sait qu’il reçut, en effet, une ijâzah intégrale lui permettant de développer la Tarîqah en France, des mains du Cheikh précédant au Cheikh actuel []

par le 4 septembre 2014, mis à jour le 25 août 2015

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