« Sois ce que tu veux, mais sois mohammédien ! » – Cheikh Mohammed Zakî Ibrahîm

basmalah hamdalah MZI

والصلاة والسلام على سيدنا محمد رسول الله وآله وصحبه ومن والاه

Ilâ rûhî-l-‘Ârifi-l-Mohammedî-l-wâziri-ç-çufî
ach-Cheikh Hassan ‘Abbas Zakî ach-Châdhilî – rahmatu-Llah ‘alayhi

Introduction

Dans l’Ijâzah de la Tarîqah Mohammediyyah, le Cheikh Mohammed Zakî Al-Dîn indique que : « si toute personne ayant prononcé le credo de l’Islam (shahâdatayn) est considéré comme « musulman » (muslim) , qu’il soit désobéissant ou obéissant, le « mohammédien » (mohammedî ) ne s’attribue ce titre que lorsqu’il est obéissant et sincère. Voilà la différence entre la conception du « musulman » et celle du « mohammédien ».

Le mohammédien véritable est donc en définitive celui qui réalise effectivement les virtualités que comporte la double formule d’attestation.

Dans l’économie propre de la Tarîqah Mohammediyyah et de sa « soeur » la Achirah Mohammediyyah, le qualificatif de « mohammédien » (mohammedî)  s’applique indifféremment aux membres de l’une ou l’autre organisation, leur rappelant l’objectif ultime de leur appartenance respective. Pour les membres de la Tarîqah Mohammediyyah qui appartiennent, de fait, aux deux organisations, celles-ci apparaissent comme les deux faces complémentaires d’une même méthode menant à un But unique.

Le texte que nous présentons ici est paru initialement dans la revue de la Achirah Mohammediyyah, Al-Muslim, « La revue de toute tarîqah, de toute association (jam’iyyah), de tout groupe (tâ’ifah) et de tout musulman (muslim) »  1 . Le Cheikh y appelle tout musulman a devenir véritablement « mohammédien », au-delà de ses particularités propres et dans une perspective d’unification spirituelle s’étendant à tous les domaines de la vie traditionnelle ; cet appel constitue donc un développement direct de la définition que le Cheikh donne ailleurs de l’appartenance à la Achîrah :

« C’est que tu t’accroches (tatamassuk) avec toute ta force et toute ta foi à tes principes propres (mabda’ika al-khâç), à la tarîqah que tu as choisi, à l’école juridique (madhhâb) qui a ta préférence et que tu ajoutes (tazîd) à cela le fait d’être « Mohammédien »

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 Sois ce que tu veux, mais sois mohammédien 2 !

Ô toi, le musulman :

 

  1. Conforme-toi à l’école juridique que tu veux : [sois] châfî’î ou mâlikî ou hanafî ou hanbalî ou imamî, ou zaydî 3 ou autre que cela ; mais, avec cela, sois mohammédien.
  2. Conforme toi à la voie spirituelle (machrab) que tu veux : [sois] châdhilî ou ahmadî ou khalwatî ou rifâ‘î ou naqchabandî ou autre que cela ; mais, avec cela, sois mohammédien.
  3. Sois d’où tu veux 4  : arabe, non-arabe, blanc ou noir, oriental ou occidental ou autre que cela ; mais, avec cela, sois mohammédien.
  4. Conforme-toi à la doctrine (‘aqîdah) que tu veux : chiite 5 ou sunnite, celles des pieux prédecesseurs (salaf) ou celle de leurs suivants (khalaf), celle d’Ibn Taymiyya ou celle des Soufis ou autre que cela ; mais, avec cela, sois mohammédien.
  5. Aie l’apparence (madhar) que tu veux : porte un tarbouche ou un turban, une capuche ou un chapeau ou autre chose encore ; mais, avec cela, sois mohammédien.

 

En effet, l’élément mohammédien (al-mohammediyyah) prend possession de tout cela, en constitue l’Esprit (rûh) et l’élément unificateur (jammâ’) ; il ne s’y oppose pas mais réunit plutôt [ces différentes particularités,] les affine, les rapproche, les délimite, les unifie, préserve leur pureté (çirf) et les défait de l’erreur puis les concentre en vue [de réaliser] le redressement traditionnel (nuhûdh) et la fraternité (ikhâ’) islamique générale entre les individus, les organisations, les peuples et les gouvernements.

 

Ainsi, l’élément mohammédien constitue un « Appel seigneurial » (Da’watun rabbaniyyah) qui prône la fraternité religieuse, l’unité (wahdah) islamique et l’Imâmah suprême 6 : « Il y a en cela une annonce à l’intention d’un peuple d’adorateurs (li-qawm ‘âbidîn7  » .

Cheikh Mohammed Zakî Ibrahîm

Notes du traducteur

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Texte arabe original issu d’Al-Muslim

mohammedi

 

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ARTICLE THÉMATIQUE correspondant

GENERALITES SUR LA RÉALISATION SPIRITUELLE (TAHQÎQ, SULÛK)

  1. On notera dans la même perspective, que le Cheikh est l’auteur d’Al-Mohammediyyât -« Les [invocations] Mohammédiennes » , un recueil d’oraisons (ahzâb) et de litanies (awrâds) issues uniquement de la tradition prophétique (sunna) et du Coran, à destination de l’ensemble des musulmans.  []
  2. Ce « commandement » complète en quelque sorte l’injonction du Cheikh Abu-l-Hassan Al-Châdhilî que nous avons récemment commentée : « Connais Allah et ensuite sois comme tu veux ! »  []
  3. Il s’agit de deux écoles juridiques importante du chiisme. A ce propos voir la note suivante où nous avons exposés la position de l’auteur à leur sujet. []
  4. Litt. : de l’origine ethnique (ou de la race) que tu veux. []
  5. Cf. note supra. []
  6. Dans ce contexte, l’Imâmah suprême désigne sûrement le califat, qu’il soit temporel ou spirituel. Le choix de ce terme permet d’autre part, dans la perspective de synthèse mohammédienne présentée par l’auteur, de ne pas exclure a priori les conceptions en vigueur au sein du Chiisme « régulier » évoqué plus haut. Sur le califat traditionnel et ses contrefaçons voir aussi nos annotations ici et ici. []
  7. Sourate Al-Anbiyah, v. 106 – La mention des « adorateurs » (‘âbidîn) dans ce contexte nous semble particulièrement significative ; en effet, pour l’auteur, l’ « adoration » (ibâdah) englobe l’ensemble des domaines de l’activité humaine (cf. notamment son commentaire du célèbre verset : « Je n’ai créé les hommes et les Jinns que pour qu’il m’adorent » ). []

par le 12 novembre 2014, mis à jour le 25 août 2015

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