Tawassul, istighâthah, tachaffu’ et tawajjuh : quelles différences ? – M.A.S.

*

Le tawassul, l’istighâtah, le tachaffu’ et le tawajjuh figurent, sans nul doute, au premier rang des notions qui, alors qu’elles sont pourtant tout-à-fait conformes à la doctrine islamique la plus orthodoxe et aux pratiques les plus anciennes, font l’objet d’incompréhensions et d’attaques multiples. Les avalanches de critiques qui émanent des adversaires du Taçawwuf à ce sujet participent certainement de ce désordre général et entretiennent le trouble dans l’esprit de ceux qui, sans avoir le minimum de connaissances traditionnelles nécessaires pour résoudre ces questions en réalité assez élémentaires, ne savent quelle position adopter, tout en les privant parfois de moyens initiatiques particulièrement importants, surtout dans les conditions cycliques qui sont les nôtres.

C’est pourquoi nous choisissons ici, plutôt que de développer des argumentations qui, en plus de demander un travail de recherche et d’exposition assez conséquent 1, pourraient peut-être présenter l’inconvénient d’être difficilement suivies, retenues et acceptées, de nous tenir à une position plus simple parce que plus synthétique. Nous agirons, d’ailleurs, avec d’autant plus de facilité et de tranquillité, que cet avis est présenté par le Cheikh Yûssuf en-Nabbahânî, dans plusieurs de ses écrits, notamment Afdal es-salawât.

A l’occasion de la mention de la prière qui accompagne la salutation au Prophète ﷺ lors de sa visite, l’auteur décrit sommairement le déroulement des rites que l’on peut y accomplir. Il insiste sur la formulation minimale de la salutation, bien connue puisqu’elle est celle du tachahhud, que l’on est tenu d’effectuer lorsque les conditions ne sont pas favorables. Il mentionne le récit du bédouin venu demander au Prophète ﷺ son intercession (chafâ’ah) et à qui le Prophète ﷺ, de sa tombe, a fait annoncer qu’Allah lui avait pardonné ses péchés, récit qui introduit un passage concernant la régularité de la recherche d’intercession du Prophète ﷺ.

Le récit suivant est donc celui d’Adam qui, après avoir commis le péché originel (el-khatî’ah), fit la demande suivante :

« Ô Seigneur, je Te demande par le droit de Mohammed ﷺ de me pardonner ». [Allah] répondit : « Ô Adam, comment connais-tu Mohammed alors que Je ne l’ai pas créé ? » Il dit : « Ô Seigneur, en vérité lorsque Tu m’as créé de Ta Main et que Tu as insufflé en moi de Ton Esprit, j’ai levé la tête et ai vu écrit sur les pieds du Trône « Pas de divinité sauf Allah Mohammed est l’Envoyé d’Allah »et j’ai su que Tu n’annexes pas à Ton Nom sans qu’il s’agisse de la créature la plus aimée de Toi ! » Allah ta’âlâ dit alors : « Tu as dit vrai, Adam : c’est la créature que j’aime le plus [litt. la plus aimée de Moi]. Quand tu as effectué ta demande par son droit Je t’ai pardonné. Si ce n’était Mohammed (wa law lâ Mohammed), Je ne t’aurais pas créé. »

Le Cheikh Yûssuf en-Nabbahânî poursuit ainsi :

« Nisâ’i, ainsi que Tirmidhî dans son Sahîh, rapportent qu’un aveugle vint au Prophète ﷺ et lui dit : « Demande à Allah qu’il m’épargne ! [me guérisse] » Il répondit : « Si tu veux, je demanderai et si tu veux patienter, c’est mieux pour toi. » Il dit : « Alors, demande ! » [Le Prophète] lui ordonna de faire l’ablution, de la meilleure manière, puis de prier avec ce du’â : « Allahumma, je te demande et m’oriente (atawajjahu, litt. je dirige ma face) vers Toi par Ton Prophète Mohammed ﷺ, prophète de miséricorde. Ô Mohammed, je m’oriente par toi vers mon Seigneur dans mon affaire (fî hâjatî) afin que Tu me l’accordes (li taqdiyâ lî). Allahumma, applique son intercession à mon égard (chaffi’-hu fîyy) ». Bayhaqî certifie la validité du hadîth et ajoute : « Il se leva en ayant recouvré la vue. » (faqâma wa qad abçara). Tabarânî rapporte par un sanad jayyid, qu’il mentionna dans son du’â ﷺ : « Par le droit de Ton Envoyé et des Envoyés qui me précédèrent (min qablî). »

Pour conclure ici (avant une traduction réelle) in châ Allah, l’auteur affirme que les termes en question désignent une réalité identique.

*

30 août 2015 – V5

Septième règle

Nous aimons les Saints d’Allah qui sont morts. Nous cherchons la bénédiction en leur rendant visite quelles que soient leurs doctrines et leurs tendances, comme nous ne faisons aucune distinction entre les Messagers d’Allah, comme entre Ses Saints. Nous confions la question de leur préférence cachée à Allah, Qui connaît Seul la vérité.

Nous ne devons pas faire de grossières supputations à propos du secret du non-manifesté bien gardé d’Allah.

De même nous ne devons pas faire l’éloge à outrance de nos Maîtres de manière qu’on les favorise par ignorance sur les Messagers d’Allah – Nous implorons le pardon d’Allah [à ce sujet].

Nous sollicitons (natawassalu) le secours d’Allah par l’intermédiaire de Ses Saints, suivant nos connaissances et nos pratiques expérimentées, tout en croyant fermement qu’Allah est Seul l’Omnipotent (el-Qâdir), Celui qui Agit par excellence (el-Fa’’âl). Solliciter Allah par l’intermédiaire des Saints est tout simplement une cause, un rang élevé dans l’adoration, une confirmation de la vraie unification, une reconnaissance de la négligence et une soumission pratique qui indiquent le dévouement de l’invocation à Allah Seul. Le déplacement aux tombeaux et aux mosquées pour accomplir la prière, y rester et invoquer Allah n’est qu’une sorte d’invocation d’Allah par l’intermédiaire des bonnes actions en plus de la prédication de l’esprit pur.

En effet, c’est Allah qui dispose les choses des vivants et des morts et non les vivants ni les morts. Celui qui veut solliciter l’appui d’Allah par l’intermédiaire des pieux ou des bonnes actions, qu’il le fasse ; celui qui ne veut pas, qu’il le laisse. Allah ne compte que vos intentions.

Cheikh Mohammed Zakî ed-Dîn Ibrahîm – Cheikh et-Tarîqah (rahimahu-Lllah)

 

*

  1. Ce travail d’exposition existe d’ailleurs depuis longtemps, même en langue française, si bien que les esprits bien intentionnés devraient simplement les consulter une fois pour toutes et s’intéresser à ce qui fait vraiment le travail de sulûk plutôt que de ressasser sans cesse ces aspects dont on a vraiment l’impression qu’ils ne sont exposés que pour détourner de ce qui est important ; c’est là vraiment, en effet, que se trouve la pollution sur la Voie !… []

par le 6 avril 2014, mis à jour le 30 août 2015

Mots clés : ,