« L’Homme est un esprit (Al-Insân rûh) » – Cheikh Mohammed Zakî Al-Dîn Ibrâhîm

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A travers les quelques vers suivants, extraits du Diwân Al-Baqâyâ, le Cheikh Zakî Al-Dîn nous rappelle que malgré sa condition actuelle « relégué au niveau le plus vil«  (asfala sâfilîn), l’Homme véritable a été créé selon « la plus belle stature » (fî ahsani taqwîm1 .

C’est cette conception véritablement spirituelle de l’Homme qui prévaut chez l’initié mohammédien et que celui-ci s’attache a réaliser constamment, en lui-même et dans ses rapports avec le Créateur et les créatures2 . De cette manière, il peut « être une source de soutien spirituel (madad) en fonction de sa souplesse et sa sagesse [car] en soi-même, il représente, dans la sphère où il vit, une énergie céleste pour le bien et le bonheur, ainsi qu’une lumière divine qui guide les gens dans le droit chemin » 3.

« Nous l’avons relégué au niveau le plus vil,

à l’exception de ceux qui ont cru et accompli des œuvres pies ; à ceux-là est destinée une récompense sans fin » 4.

Loin de pouvoir rendre compte de la beauté et de la concision des vers arabes, nous présentons cette traduction comme un rappel, à nous-même tout d’abord, de cette vérité immense et si souvent oubliée par l’homme moderne saisi par l’ illusion de la « vie ordinaire »5 .

Wa bi-Llah et-tawfîq !

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L’Homme est un esprit (Al-Insân rûh)6

Tel est l’Homme : un esprit éternel (rûhun sarmadiyyun)

honoré par la pérennité (khulûd) et le décompte (hissâb) [des actes] 7

Et que sont les corps (abdân) juchés sur la terre (ardh) , si ce n’est

excroissance (nutû’un8 et étendue de terre (turab9 .

Cheikh Mohammed Zakî Al-Dîn Ibrâhîm

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V4 – 26 avril 2016

  1. Coran, s. 95 ; v.4-5. J.-L. Michon à qui nous empruntons cette élégante traduction indique en note : « taqwîm, mot dérivé de la racine q.w.m, implique l’idée de rectitude (la station droite, propre de l’homme, du lieutenant de Dieu sur terre), de fermeté, de vertu inébranlable. “La plus belle stature” est l’état de l’homme primordial, créé “à l’image de Dieu” (‘alâ sourati Llâh), selon le hadîth ». []
  2. Sur ce point voir notamment les paroles synthétiques du grand-père et maître de l’auteur, le Cheikh Mahmûd Abû Iliyâne. []
  3. Pactes mineurs, 16ème pacte. On pense ici à la parole du Cheikh Abû-l-Hassan Châdhilî rapporté dans le Tanwîr par Ibn Atâ Allah : « Si la lumière du croyant désobéissant était dévoilée, elle éclairerait tout ce qui se trouve entre les cieux et la terre. Qu’en serait-il, à ton avis, s’il s’agissait de celle du croyant obéissant ? » (trad. A. Penot).  []
  4. Ibid. v. 5-6 []
  5. Cf. René Guénon, Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps []
  6. Sur un plan fraternel, le cheikh Zakî Al-Dîn enseignait également  que « les frères sont un Esprit unique (rûhan wâhidatan) dans des corps multiples (ajsâdin muta’addidah)« . []
  7. En référence au jugement dernier, où les actes de l’homme seront examinés par son Seigneur, la tradition islamique parle du « Jour du Compte » (Yawmu-l-Hissâb). L’Homme rend compte de ses actes en raison du « libre-arbitre » qui le caractérise. Cet « honneur » est partagé avec les Jinns en vertu de leur destinée commune, cf. le verset « Je n’ai créé les hommes et les jinns que pour qu’il m’adorent » . []
  8. Litt. : boursouflure. []
  9. Sur la question des rapports traditionnels entre le corps et l’esprit, cf. René Guénon, « L’esprit est-il dans le corps ou le corps dans l’esprit ? » repris dans Initiation et Réalisation spirituelle. []

par le 11 mars 2015, mis à jour le 26 avril 2017

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