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La manière qu’a un Maître d’enseigner au disciple qui deviendra le Cheikh éponyme d’une tarîqah présente certainement un certain niveau d’exemplarité. C’est sous ce rapport que nous présentons l’épisode qui s’est déroulé entre Cheikh Abd es-Salâm ibn Bachîch et le futur Cheikh Abu-l-Hassan el-Châdhilî.

Ce dernier raconta :

« J’étais stupéfait (dahch : extrêmement étonné). Je restais avec lui quelques jours jusqu’à ce qu’Allah éveille ma conscience ¹ , et je vis qu’il possédait des pouvoirs surnaturels ² . Un jour par exemple, alors que j’étais assis devant lui et qu’un de ses petits-fils jouait avec lui sur ses genoux, il me vint à l’esprit de le questionner à propos du Nom Suprême d’Allah (el-Ismu-Llâh el-A’dham). L’enfant vint à moi, jeta ses bras à mon cou et me secoua, en disant :

–     Ô Abû-l-Hassan ! Toi qui voulais questionner le Maître à propos du Nom Suprême d’Allah ! Il ne s’agit pas de poser des questions à propos du Nom Suprême d’Allah. Ce dont il s’agit est que tu sois toi-même le Nom Suprême d’Allah, c’est-à-dire que le secret d’Allah (sirru-Llah) réside dans ton cœur.

Quand il eût fini de parler, le Cheikh sourit et me dit :

–     Untel t’a répondu de ma part (jâwabaka fulân ‘annâ, à ma place).

Il était alors le Qutb du temps ³ »

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Commentaires

Cette anecdote met en évidence deux modalités d’enseignement : par le silence et par un intermédiaire. Pour ce qui revient directement à la première, on peut y voir le fondement de la célèbre sentence de Cheikh Abu-l-Hassan : « Nous sommes comme la tortue : nous éduquons nos enfants par le regard ».

La seconde modalité est moins souvent soulignée alors qu’elle est pourtant, sous un certain rapport, plus étonnante et que l’on peut lui attribuer le même caractère prototypique puisqu’elle assure un enseignement d’une extrême élévation sur un sujet très important émanant de l’action normale d’un Cheikh dans la plénitude de sa fonction et par un prolongement de celle-ci. Elle évoque évidemment ce que dit René Guénon des rapports entre Guru, qui est l’appellation strictement équivalente de Cheikh, et upagurus 1

Références à venir

A suivre, in châ Allah

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1. La fonction de « porteur de savoir » (hâmilu fiqh, upaguru) en Islam – M.A.S. [↩]

par Mohammed Abd es-Salâm le 19 juillet 2015, mis à jour le 30 juillet 2015

Mots clés : Abd es-Salâm ibn Machîch, Al-Chadhilî, Enseignement-Tarbiyah, Hikâyât, Maître spirituel-Cheikh, Secret initiatique-Sirr, Silence, Upaguru / Hâmilu fiqh