« Le croyant est le miroir du croyant » – Hadîth

عَنْ أَبِي هُرَيْرَةَ -رَضِيَ اللهُ عَنْهُ- عَنْ رَسُولِ اللَّهِ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ قَالَ

 الْمُؤْمِنُ مِرْآةُ الْمُؤْمِنِ

Abû Horeyrah -qu’Allah soit Satisfait de lui- rapporte de l’Envoyé d’Allah ﷺ qu’il a dit : « Le croyant est le miroir du croyant »

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Commentaires

Extrait de « La voie par laquelle l’homme connaît les défauts de son âme » de l’Imâm Ghazâlî

« La quatrième méthode consiste à fréquenter les autres humains, puis à se demander compte, à soi-même, de tout ce que l’on aura remarqué de blâmable chez eux, et à se l’attribuer.

En effet, tout croyant est le miroir de son semblable : il considère que les défauts des autres sont ses propres défauts et il sait que les tempéraments sont, tous, proches les uns des autres dans la poursuite de leur passion. Ce par quoi l’un de ses pairs se caractérise, un autre n’en est pas exempt dans sa racine, ou pour une part plus ou moins importante. Qu’il examine donc son âme et qu’il la purifie de tout ce qu’il réprouve chez les autres. Cela pourrait te suffire comme méthode d’éducation. Si tous les humains abandonnaient ce qu’ils détestent chez les autres, ils pourraient se passer d’éducateur.

Voila donc autant de solutions (hîl) pour ceux qui ne disposent pas d’un cheikh avisé et intelligent, clairvoyant dans le domaine des défauts de l’âme, bienveillant et bon conseiller en matière de religion, bref, un cheikh qui, ayant achevé sa propre formation, est occupé à former les serviteurs de Allah et à les conseiller. Quant à celui qui a découvert un tel cheikh, il a trouvé son médecin. Qu’il s’attache donc à lui, car c’est lui qui le délivrera de ses maladies spirituelles et le sauvera de la perdition dont il est menacé.»

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3 août 2014 – V2

Extrait des Lawâqîh de l’Imâm Charanî

122 – Il incombe au murîd de croire que tout bien qui lui arrive provient d’Allah par le soutien spirituel (madad) de son Instructeur, car la lumière de tout disciple provient de la lumière de son Instructeur.

Sidî Ali ibn Wafâ (.) disait : « L’ensemble de ce que tu vois en toi comme soutien spirituel est une émanation de ton Instructeur spirituel ; et tout ce que tu vois en lui comme manque te caractérise :  » Ce qui te touche en bien vient d’Allah et ce qui t’arrive de mal vient de toi  » *.

Ainsi si tu vois que ton Maître est apostat, c’est toi qui es apostat depuis la nuit des temps (fî ghayb el-azalî) car il est le miroir de l’Existence (de l’être). Et si tu vois qu’il est sincère, c’est que tu es sincère principiellement (ou essentiellement = fî ilm-Allah). Quant à la nature véritable du Cheikh, ne la connaît que celui qui est honoré de l’état spirituel dans lequel il se trouve [lui-même] ou qui lui est supérieur **.

Un disciple dit une fois au Cheikh Abu Yazid :  » Je t’ai vu cette nuit, Sidi, avec une face de porc  » ; il lui répondit : « Tu as raison, mon fils, car je suis le miroir de l’Etre (mir`ât el-wujûd, ou : de l’Existence) ; tu as donc vu ta propre face en moi, pensantque tu étais moi. Purifies-donc ton âme, mon fils, de ce qui caractérise les porcs, puis regarde vers moi à nouveau : tu trouveras que je ne suis pas un porc ! »

* Sourate « Les Femmes », v. 79

** Conception souvent oubliée (rappelée dans des termes quasiment identiques par René Guénon, je crois dans ses Aperçus sur l’initiation) et qui rend vaine toute tentative d’évaluation extérieure ainsi que les prétentions parfois affichées, un peu trop facilement, ici et là.

*** Le symbolisme du miroir, quand il est appliqué au Cheikh, prend une dimension nécessairement supérieure à celle qu’il a d’habitude en dehors du cadre initiatique, puisque le Maître extérieur étant lui-même le reflet du Maître intérieur, qui est le Soi (selon une certaine terminologie –cf. René Guénon, notamment Aperçus sur l’initiation), le murîd contemple ainsi sa propre réalité quand il a, face à lui, un Cheikh réalisé. Le constat peut en être, alors, saisissant.

Etant donnée l’importance de ce point, nous rappelons, pour mémoire, ce qu’avait dit le même Sidi Alî ibn Wafâ, Cheikh fondateur de la tarîqah wafâ’iyah (adab 109 et partie du commentaire) :

« (…) :  » Tu es [en réalité] selon la forme que tu observes [en apparence] chez ton Cheikh ; contemple donc ce que tu veux [sans être limité par un a priori qui limiterait la forme de ta contemplation] et considère alors [ce que tu vois] : si tu constates qu’il est hypocrite, alors c’est toi qui es hypocrite, si tu constates qu’il est sincère (mukhliç), alors c’est toi qui es pur et sincère, car en réalité, il constitue pour toi un miroir : tu ne vois dans le miroir que ta propre forme, pas la nature du miroir. »

Le Cheikh est le support extérieur de la réalité profonde de l’être qui s’y reflète. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est également dit que la constatation des défauts propres au Cheikh constitue un voile important pour le disciple qui les observe, de la même manière que la constatation des défauts d’un miroir empêche celui qui la fait d’avoir une vision nette de ce qui s’y reflète (cf. infra : règle 122, dans laquelle Charani donne une illustration très édifiante de cet aspect. Un peu de patience, in châ Allah).

Tout ceci est d’ailleurs à mettre en rapport direct avec l’affirmation selon laquelle le caractère humain (el-bacharyah, ‘humanité’) d’un Maître constitue le pire des voiles pour son disciple. (…) »

Pour revenir maintenant au adab 122, on voit qu’il confirme l’idée émise plus haut, selon laquelle c’est le murîd qui est le plus important dans le sulûk, et non le Cheikh. La réalité de sa fonction première est ici rappelée de la meilleure manière, puisqu’il « renvoie » littéralement, et dans tous les sens du terme, le disciple à lui-même ! C’est donc bien, toujours, le murîd qui est le plus important dans le sulûk, et non le Cheikh, qui est ainsi véritablement khâdim el-Qawm, serviteur (du « peuple ») des Initiés.

Même lorsqu’il explique cette notion en disant : « tout ce que tu vois en lui comme manque te caractérise :  » Ce qui te touche en bien vient d’Allah et ce qui t’arrive de mal vient de toi « , Sidî Ali ibn Wafâ ne mentionne le Cheikh que pour montrer que, dans le meilleur des cas, il « indique » Allah au murîd, s’effaçant lui-même dans cette fonction. (Cf. René Guénon, dans les Aperçus sur l’initiation –chapitre sur l’enseignement initiatique-, qui traite cette question de la même manière et aussi Cheikh Zakî ed-Dîn Ibrahîm dans son Khitâb Propos général sur le Soufisme : « Quant à nous, nous indiquons la Vérité Essentielle et montrons le chemin, puis nous laissons l’aspirant sincère parvenir au bout de son chemin par son propre effort »).

De plus, il semble que l’on puisse aller encore plus loin en ce sens et aussi remarquer que l’indication finale de Sidî Ali ibn Wafâ (« Purifies-donc ton âme, mon fils, de ce qui caractérise les porcs, puis regarde vers moi à nouveau : tu trouveras que je ne suis pas un porc ! ») n’implique pas non plus, en réalité, que le murîd voie la réalité du Cheikh une fois qu’il aura effectué la purification nécessaire : verra-t-il, dans ce miroir, se refléter alors la réalité de son Cheikh ou la sienne, toujours et uniquement, à moins d’avoir acquis un degré identique de réalisation ? Et si tant est même que ce soit le cas : est-ce du degré de son Cheikh qu’un murîd engagé dans le sulûk doive se préoccuper ultimement ?

[Commentaires du traducteur]

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Extrait de « Iqâdh el-Himam » d’Ibn ‘Ajîbah

 « La quatrième convenance spirituelle consiste à voir en eux [les frères] la pureté et à croire en leur perfection. On ne dépréciera personne même si l’on peut être témoin de ce qui impliquerait extérieurement une imperfection. Le croyant devant, en effet, chercher des excuses, il lui en cherchera soixante-dix et, si la personne en question persiste dans son défaut, il le cherchera en lui-même car « le croyant est le miroir du croyant » : ce que voit l’observateur est en lui. Les gens de la pureté ne voient que le pureté et les gens du trouble ne voient que le trouble. Les gens de la perfection ne voient que la perfection et les gens de l’imperfection ne voient que l’imperfection. Comme il apparaît dans le hadîth de l’Envoyé d’Allah –sur lui la prière et la paix- que nous avons cité précédemment : « Rien n’est meilleur en l’homme que deux qualités : avoir bonne opinion d’Allah et avoir bonne opinion des serviteurs d’Allah. Rien n’est pire en l’homme que deux qualités : avoir mauvaise opinion d’Allah et avoir mauvaise opinion des serviteurs d’Allah.

« خصلتان ليس فوقهما في الخير خصلة: حسن الظن بالله وحسن الظن بعباد الله، وخصلتان ليس فوقهما في الشر خصلة: سوء الظن بالله وسوء الظن بعباد الله »

 Et ce qui est propice vient d’Allah. »

par le 30 mars 2014, mis à jour le 10 octobre 2015

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